Un des plus grands tableaux connus de Jan Vermeer, plutôt habitué aux petits formats, ce qui n’est pas un hasard. Le tableau enserre lumières, travail du peintre, échanges de regards avec le spectateur/modèle; c’est la peinture qui est incarnée dans la scène, dans son intimité avec la musique et la poesie, par exemple, symbolisées dans le livre et le clairon que tient la jeune femme (la beauté..).
Solitaire, le travail du peintre? Essentiellement, mais paradoxalement l’atelier est aussi un lieu de rencontres et de développement des idées, un lieu qui bruit dans les conséquences de sa production:
« La vertu essentielle du travail en atelier est évidemment l’échange des regards portés sur le travail en cours, mais aussi le contact personnel, essentiel en ce qu’une œuvre d’art n’est pas un produit purement technique, mais le produit d’une personne à laquelle elle est appropriée. Et il faut ici entendre « personne » dans toute ses déterminations, notamment celle de son corps incarné, car produire une ouvre d’art consiste en l’effectuation de gestes vivants qui ne peuvent se transmettre, s’explorer et se vivre que dans le commerce direct des personnes, un regard guidant l’autre, une main guidant l’autre. Un atelier trouve ainsi sa raison d’être en fondant non pas une « société », mais une communauté de travail dans laquelle chaque œuvre, en restant irréductiblement personnelle, se nourrit de cette relation communautaire seule capable d’enrichir à la fois la méditation et le geste nécessaires à son originalité, et de former le travail de l’artiste dans le respect de sa singularité. C’est ce qu’une relation frontale entre un détenteur de savoir technique et une cohorte d’imitateurs plus ou moins appliqués, ou entre un apprenti esseulé et une information dispensée par quelque médium que ce soit (fut-ce le plus technologiquement sophistiqué), ne saurait remplacer. »
Thomas Sabourin
Huile sur toile, 120 x 100 cm
Kunsthistorische museum, Vienne
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